Afrique XXI – « Procès Sankara ». Le long combat des justiciers de l’ombre

Témoignage

« Procès Sankara ». Le long combat des justiciers de l’ombre

Document sonore · Pendant des années, une poignée d’activistes et d’avocats s’est battue pour que les assassins de Thomas Sankara et de ses douze camarades soient un jour jugés. Une lutte de longue haleine qui semblait perdue d’avance, mais qui a finalement abouti après la chute de Blaise Compaoré. Alors que le procès des responsables présumés du complot se poursuit, Aziz Salmone Fall revient sur les différentes étapes de ce combat.

L’histoire est peu connue, y compris des Burkinabé. Qui sait en effet que sans la ténacité d’une poignée d’activistes panafricains et d’avocats burkinabé qui, pendant plus de deux décennies, se sont battus dans l’ombre pour que justice soit rendue à Thomas Sankara et à ses douze camarades tués le 15 octobre 1987, jamais peut-être le procès de leurs assassins, qui a débuté le 11 octobre 2021 à Ouagadougou, n’aurait eu lieu ? Et que sans la volonté de ces quelques militants inconnus du grand public, jamais probablement leurs corps n’auraient été exhumés des fosses dans lesquelles ils avaient été jetés quelques heures après leur exécution, à la tombée de la nuit…

Parmi ces activistes, Aziz Salmone Fall a joué un rôle moteur. En 1984, ce fils d’un diplomate sénégalais et d’une universitaire égyptienne, aujourd’hui installé au Canada où il enseigne, a fondé avec d’autres militants le Groupe de recherche et d’initiative pour la libération de l’Afrique (Grila). Ce groupe s’est donné pour objectifs de « contribuer à l’émergence et à la consolidation du développement autocentré en Afrique et à la solidarité internationale qu’il requiert », et de soutenir « les forces démocratiques et progressistes » sur le continent.

C’est un hasard si le Grila a vu le jour à peu près au même moment que la révolution burkinabé. Certes, ce groupe se retrouvait pleinement dans les orientations politiques de Sankara et de ses camarades, et suivait « avec beaucoup d’intérêt ce processus de changement de rapport de production », selon les termes de Fall. Mais il avait des objectifs qui allaient bien au-delà du cas burkinabé. Après l’assassinat de Sankara et de ses camarades le 15 octobre 1987, le Grila va toutefois jeter toutes ses forces dans le combat pour que justice soit rendue dans cette affaire.

« LA RECTIFICATION A ÉTÉ UN LONG SIMULACRE »

Au début, cette bataille juridico-médiatique semblait perdue d’avance. Durant les premières années de la « rectification » – le régime qui a succédé à la révolution et dont les dirigeants, Blaise Compaoré en tête, ont sapé un certain nombre de ses acquis – personne n’osait évoquer la période révolutionnaire et encore moins citer le nom de Sankara.

 

En septembre 1997, le dixième anniversaire de la mort de Sankara approche. La menace d’une prescription pour ce crime aussi. C’est à cette époque que le Grila entre véritablement en action : le groupe lance la « Campagne internationale justice pour Sankara » (CIJS), s’associe à des avocats burkinabé et se rapproche de Mariam Sankara, la veuve de Thomas qui s’est exilée en France avec leurs deux enfants.

 

Dieudonné Nkounkou, un professeur pénaliste congolais alors installé à Montpellier, en France, et Bénéwendé Sankara, un avocat burkinabé (qui n’a pas de liens familiaux directs avec Thomas Sankara)1 se chargent de déposer la plainte. Mais pendant des années, les militants du Grila et les avocats de la veuve Sankara se confrontent à un mur.

 

« POUR LA PREMIÈRE FOIS, UN DROIT ÉTAIT DIT »

Les avocats du collectif vont épuiser tous les recours possibles devant les juridictions du Burkina Faso – en vain. Mais lorsque la bataille semble définitivement perdue, plutôt que d’abdiquer, ils se tournent vers les Nations unies : le 15 octobre 2002, ils portent l’affaire devant le Comité des droits de l’Homme de l’ONU.

Exposé, selon Fall, à « la risée internationale », le régime de Blaise Compaoré se retrouve dans une situation délicate. Depuis plusieurs années, le tombeur de Sankara a entrepris une oeuvre de séduction auprès de la communauté internationale – des institutions de Bretton Woods, de Washington, et bien sûr de Paris – pour « rentrer dans le rang », faire oublier la période révolutionnaire, les crimes de la « rectification » et le soutien apporté notamment aux rébellions libérienne et sierra-léonaise, et redevenir un partenaire privilégié. Il est même devenu, au fil des ans, un pion central de l’échiquier françafricain en Afrique de l’Ouest. Or les actions du Grila auprès des Nations unies risquent de saper tous ces efforts.

Une fois que l’option onusienne se referme, les avocats relancent l’offensive au Burkina. Il s’agit alors de faire durer la procédure jusqu’à ce qu’une brèche s’ouvre enfin. Parmi les subterfuges évoqués par Fall, les avocats demandent l’exhumation de la tombe présumée de Sankara et de ses camarades, et exigent que des tests ADN soient effectués sur sa dépouille présumée. Puis, en avril 2012, ils déposent une plainte pour séquestration, le corps de Sankara n’ayant toujours pas été retrouvé. Ils lancent ainsi un défi au régime : « Prouvez-nous que Sankara n’est pas détenu dans une de vos sinistres geôles »… En 2008, Dieudonné Nkounkou déclare : « Je m’en tiens aux faits. Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est sorti de chez lui et n’est jamais rentré à la maison. Qu’est-ce qui lui est arrivé, on n’en sait rien. Donc, on peut tout à fait penser qu’il est séquestré ! »

 

En novembre 2013, la tombe présumée de Sankara est profanée pour la seconde fois. Les membres de la CIJS craignent des tentatives visant à corroder le site et ainsi à empêcher l’identification des corps. Par ailleurs, le pouvoir judiciaire, inféodé au pouvoir politique, résiste toujours à l’offensive des avocats. Le 30 avril 2014, le tribunal de grande instance de Ouagadougou se déclare incompétent pour ordonner des expertises ADN. Les possibilités, pour les avocats, s’amenuisent. Et l’espoir, pour la famille de Thomas Sankara, s’érode.

« CETTE VAGUE ÉTAIT LE FRUIT DES GRAINES SEMÉES »

Mais la mobilisation ne faiblit pas pour autant. En 2009, après le semi-échec à l’ONU, un groupe de militants a lancé depuis la France le « Réseau international justice pour Sankara ». Ce groupe, coordonné par Bruno Jaffré, auteur de plusieurs ouvrages sur Sankara et animateur d’un site qui lui est dédié, effectue un gros travail de lobbying pour qu’une enquête internationale soit ouverte. Il multiplie les réunions publiques et les pétitions.

Surtout, la donne a changé au Burkina, où le régime de Blaise Compaoré vacille. En 2011, des mutineries qui ont éclaté dans plusieurs casernes militaires l’ont fragilisé. En 2013, l’opposition reprend du poil de la bête et organise plusieurs manifestations pour dire « non » à une éventuelle modification de la Constitution qui permettrait à Compaoré de briguer un nouveau mandat présidentiel. Au même moment, une multitude d’organisations de la société civile, parmi lesquelles le « Balai citoyen », mobilisent la jeunesse.

En octobre 2014, quand les plans de Compaoré deviennent clairs, et qu’il annonce sa volonté de modifier la Constitution, des centaines de milliers de Burkinabé descendent dans la rue. Le 31 octobre, Compaoré abdique (non sans avoir tenté de réprimer les manifestants2) et fuit le pays avec l’aide de l’armée française. Un nouveau champ des possibles s’ouvre alors aux militants du Grila et à la famille de Sankara.

 

Rien n’indiquait que le régime de transition, dirigé par un duo composé du président Michel Kafando, un ancien diplomate ayant servi le régime Compaoré (à l’ONU notamment), et du Premier ministre Yacouba Isaac Zida, un militaire issu du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), considéré comme la garde prétorienne de Compaoré, rouvrirait les dossiers enterrés par le pouvoir déchu. Pourtant, le 24 mars 2015, près de 18 ans après avoir entamé ses démarches, la CIJS apprend que le dossier Sankara sera enfin instruit par la justice militaire. Très vite, celle-ci, sous l’impulsion du juge François Yaméogo – un magistrat « extrêmement courageux », estime Fall – lance une dizaine de mandats d’arrêts internationaux, dont un visant Blaise Compaoré, exilé en Côte d’Ivoire. Il ordonne en outre l’exhumation des tombes et entreprend de faire analyser l’ADN des corps qui s’y trouvent.

 

Malgré ces résultats décevants, les membres de la Campagne internationale Justice pour Sankara sont requinqués. Le 15 octobre 2015, Fall est reçu par le juge Yaméogo.

A l’issue de plusieurs mois d’investigations, François Yaméogo, qui n’arrive pas à obtenir suffisamment d’éléments probants pour prouver l’implication de puissances étrangères, mais qui a entendu des dizaines de témoins et inculpé vingt-deux suspects, décide de disjoindre le volet national et le volet international du complot, afin de pouvoir juger au plus tôt les responsables burkinabé. Le premier volet est clos – c’est celui-là qui est actuellement jugé -, tandis que le second volet est toujours en instruction, sous la direction d’un nouveau magistrat.

« LA VÉRITÉ, ÇA PREND DU TEMPS »

Les avocats de la CIJS, ayant accès au dossier, ont pu suivre les avancées du juge et ont notamment découvert le contenu des archives que la France a envoyées en trois lots, à la demande de la justice burkinabé. Ils se rendent alors compte que celle-ci savait tout ce qu’il se passait, à l’époque, à Ouagadougou – pour eux, elle ne pouvait pas ignorer le complot qui se préparait contre Thomas Sankara -, mais aussi que les archives transmises à la justice burkinabé semblent avoir été triées sur le volet à Paris de manière à ce que certains éléments ne soient pas divulgués.

Malgré ces obstacles et l’absence à la barre du principal accusé, Blaise Compaoré, et du chef du commando ayant mené l’opération le 15 octobre 1987, Hyacinthe Kafando, Aziz Salmone Fall a bon espoir que la vérité soit connue à l’issue du procès. Semaine après semaine, au rythme lent de la justice, les témoignages se succèdent à la barre du tribunal de Ouagadougou. Pour l’heure, ils n’ont pas permis de découvrir des éléments nouveaux, et ont même parfois donné l’impression d’un retour en arrière – plusieurs des accusés sont en effet revenus sur la version qu’ils avaient livrée durant l’instruction. Mais l’animateur du Grila ne veut y voir que du positif.

Message de Madame Mariam Sankara au GRILA à l’occasion de la commémoration du 34 ième anniversaire de l’assassinat du Président Thomas Sankara

Message de Madame Mariam Sankara au GRILA à l’occasion de la commémoration du 34 ième anniversaire de l’assassinat du Président Thomas Sankara

Cher(e)s camarades et chers ami(e)s,

Le procès concernant l’assassinat du Président Thomas Sankara s’est ouvrert le 11 Octobre 2021 à Ouagadougou. Il s’agit là d’une étape importante du combat que nous menons depuis 24 ans après le dépôt de ma plainte contre X auprès des juridictions du Burkina Faso.

Je tiens à remercier le GRILA et, la personne de Monsieur AZIZ Fall, pour avoir contribué aussi bien à la coordination des actions du Collectif d’avocats de la famille Sankara qu’à l’animation de la campagne internationale Justice pour Thomas Sankara.
international campaign Justice for Thomas Sankara.

Malgré l’expression de notre début de satisfaction, nous ne devons pas perdre de vue que le combat n’est pas terminé. Raison pour laquelle j’en appelle encore une fois à la mobilisation et à la vigilance de toutes et tous.

Il est temps que les auteurs de ces crimes odieux disent la vérité et que nous sachions qui a fait quoi.

Ce procès tant attendu par les familles des victimes, par les burkinabè, par l’Afrique en général et par l’opinion publique internationale devra servir d’exemple à ceux qui n’ont aucun respect pour la vie humaine, à ceux qui marchandent et bouleversent le destin de nos peuples au nom de leurs intérêts égoïstes.
selfish interests.

Je vous souhaite enfin une bonne commémoration de la journée du 15 Octobre 2021.

La patrie ou la mort, nous vaincrons !

Je vous remercie

Communiqué 15 octobre 2021 et conférence de presse

Campagne Internationale Justice pour Sankara

Communiqué 15 octobre 2021 et conférence de presse

Le 11 octobre 2021 s’est ouvert à Ouagadougou le procès dans l’affaire du président Thomas Sankara et de douze de ses camarades assassinés le 15 octobre 1987 dans l’enceinte du Conseil de I'Entente. La CIJS, Campagne Internationale Justice pour Sankara en est à sa 25 ème année . Durant ces années, face au Burkina Faso en tant qu’Etat partie instrumentalisé par le régime françafrique, la CIJS a épuisé tous les recours des tribunaux burkinabés. Elle a alors porté son combat devant le Comité des Droits de l’Homme de l’ONU marquant ainsi un précédent international contre l’impunité en 2006.

Avec le renversement populaire du régime Compaoré, un nouveau régime politique a permis l’instruction de l’affaire. Le procès se tient devant la Chambre de Première Instance du Tribunal Militaire de Ouagadougou (TMO), délocalisée à la salle des Banquets de OUAGA 2000. Par arrêt de la Chambre de mise en accusation N° 06 du 13 avril 2021, 14 accusés y seront jugés : KAFANDO Hyacinthe pour attentat à la sûreté de l'État et assassinat (par défaut faute d’avoir comparu); COMPAORE Blaise pour recel de cadavres, attentat à la sureté de l'État, complicité d'assassinat (par défaut, faute d’avoir comparu); DIENDERE Gilbert pour complicité d'assassinat, attentat à la sûreté de l'Etat, subornation de témoin, recel de cadavres; OUEDRAOGO Nabonswende, SAWAWADOGO Idrissa, ILBOUDO Yamba Elysee, OUEDRAOGO Tibo, BELEMLILGA Albert, Pascal Sibidi, DEME Djakalia, PALM Mori Aldjouma Jean-Pierre, TRAORE Bossobe, pour complicité d'attentat à la sûreté de l'Etat; TRAORE Bossobe pour complicité d'assassinat ; OUEDRAOGONabonswende, SA WA WADOGO Idrissa, ILBOUDO Yamba Elysée, pour assassinat. DIEBRE Alidou Jean Christophe, KAFANDO Amado pour faux en écriture publique et TONDE Ninda dit Pascal pour subornation de témoin.

Durant l’instruction, un mandat d’extradition a été émis contre Hyacinthe Kafando et contre le président Blaise Compaoré exfiltré en Côte d’Ivoire d’où ils refusent toujours de comparaître.

Par ailleurs, la France a déclassifié et soumis trois lots de documents liés à cette affaire. Le Parquet militaire a retenu une liste de 67 témoins et deux témoins experts auxquels s’ajouteront les témoins que les parties civiles souhaitent faire entendre. Le CJIS a également fait citer le Burkina Faso en qualité de civilement responsable en vertu du principe de la continuité de l’Etat.

A l’audience du 11 octobre 2021, après la constitution de la composition de la Chambre après le tirage des assesseurs, l’affaire a été suspendue à la demande de certains avocats de la défense ayant été récemment commis d’office pour certains accusés. Elle a été renvoyée au 25 octobre.

Cette même audience a été marquée par le refus du Tribunal militaire que l’ensemble de ce procès soit enregistré pour l’histoire et les archives du Tribunal militaire. Pourtant, le Parquet militaire, interpellé à l’audience par les Parties civiles, avait pris des réquisitions favorables en ce sens en soulignant que le Tribunal militaire de Ouagadougou dispose de son propre service audiovisuel, et se porte garant de la sécurité de ces archives. Le motif invoqué par le TMO de l’article 43 du Code de justice militaire qui évoque l’interdiction « de reproduire des débats relatifs à aux crimes et délits contre la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat ». Or, cet article, combiné aux dispositions de l’article 314-5 du code de procédure pénale permet de procéder à des enregistrements à des fins autres que de diffusion.

Les Parties civiles et au-delà, tous ceux qui se sont battus au niveau national et international pour que ce procès ait lieu, ne peuvent que déplorer une décision qui empêche la sauvegarde d’un pan important de l’histoire du Burkina pour les générations futures. Il est regrettable que les débats à venir, qui se doivent d’être l’exemple d’une justice rendue dans la solennité et le respect des règles du procès équitable, ne soient pas conservés pour la postérité.

Diverses manœuvres politiques jouent de la situation du pays soumis à des attaques récurrentes de cellule djihadistes, pour invoquer en périphérie de ce procès, l’immunité et l’amnistie pour certains des accusés ou évoquer la réconciliation nationale. Le CJIS rappelle l’importance que la justice suive son cours en toute sérénité et impartialité, indépendamment de toute pression politique.

Nos avocats et avocates et camarades continuent l’œuvre marathonienne de la CIJS jusqu’à l’obtention de la vérité et la justice pour Thomas Sankara et ses camarades. La CIJS compte sur le soutien du peuple du Burkina Faso et des panafricains de par le monde pour que la vérité soit finalement connue, que justice soit rendue et que la réconciliation advienne.

Conférence de Presse du collectif des avocats de la CIJS

 En présence de Mme Mariam Sankara

le 15 octobre à 13h à l’université Thomas Sankara, Commune de Saaba (après le péage de la RN4 route de Fada, téléphone de l’université 226 50 36 99 60)

Portes paroles du collectif d’avocats Me Anta Guissé, anta.guisse@wanadoo.fr  Me Prosper Farama maitrefarama@yahoo.fr

Coordonnateur de la CIJS azizsalmonefall@gmail.com +15142447873

 

 

CIJS - Communiqué de presse du 11 octobre 2021 - Ouverture du procès - Affaire Sankara

Campagne Internationale Justice pour Sankara

CIJS - Communiqué de presse du 11 octobre 2021 - Ouverture du procès - Affaire Sankara

Ce 11 octobre 2021 s’ouvre à Ouagadougou le procès dans l’affaire du président Thomas Sankara et de douze de ses infortunés camarades assassinés le 15 octobre 1987 dans les locaux du Conseil de I'Entente. La campagne Internationale justice pour Sankara en est à sa 25 ème année. Durant ces années, elle a épuisé, contre l’État partie du Burkina Faso, tous les recours des tribunaux burkinabé, instrumentalisés par le régime françafrique, et a dû ensuite recourir au comité des droits de l’homme de l’ONU. Elle y a marqué un précédent international contre l’impunité en 2006.
Avec le renversement du régime Compaoré, un nouveau régime politique a permis l’instruction de l’affaire. Le procès se tient devant la Chambre de Première Instance du Tribunal Militaire de Ouagadougou, délocalisée à la salle des Banquets de OUAGA 2000. Suite à l’arrêt N° 06 du 13 avril 2021, plusieurs personnes ont été mises en accusation et y seront jugées : par contumace KAFANDO Hyacinthe pour attentat à la sureté de l'État et assassinat ; par contumace COMPAORE Blaise pour recel de cadavre, attentat à la sureté de l'État, complicité d'assassinat; DIENDERE Gilbert pour complicité d'assassinat, attentat à la sureté de l'Etat, subornation de témoin, recel de cadavre; OUEDRAOGO Nabonswende, SAWAWADOGO Idrissa, ILBOUDO Yamba Elysee, OUEDRAOGO Tibo, BELEMLILGA Albert, Pascal Sibidi, DEME Djakalia, PALM Mori Aldjouma Jean-Pierre, TRAORE Bossobe, pour complicité d'attentat à la sureté de l'Etat; DIEBRE Alidou Jean Christophe, KAFANDO Amado pour faux en écriture publique et TONDE Ninda dit Pascal pour subornation de témoin; TRAORE Bossobe pour complicité d'assassinat ; OUEDRAOGO Nabonswende, SA WA WADOGO Idrissa, ILBOUDO Yamba Elysée, pour assassinat.
Le Parquet a retenu pour sa part une liste de 67 témoins et deux témoins experts. Un mandat d’extradition a été émis contre Hyacinthe Kafando et contre le président Blaise Compaoré exfiltré en Côte d’Ivoire d’où il refuse toujours de comparaître.
La France a entretemps déclassifié et soumis trois lots triés de documents liés à cette affaire. Bien que la CIJS n’est plus contre l’État partie dans ce procès, elle tient l’État civilement responsable des mis en cause.

Le procès se déroule alors que le Burkina est déstabilisé par des attaques récurrentes de cellules djihadistes et un déplacement de populations. Diverses manœuvres politiques jouent sur cette délicate situation pour invoquer l’immunité et l’amnistie pour les accusés ou prématurément évoquer la réconciliation nationale, ce qui rend plus difficile la sérénité requise pour traiter cette affaire. Certains des nouveaux avocats de l’équipe de défense des accusés ont demandé un renvoi pour l’étude du dossier. Le juge a renvoyé le procès au 25 octobre 2021. Il a aussi refusé que le procès soit enregistré. La CIJS demande que le procès soit enregistré par le greffe en toute transparence et aux fins d’archives.
Nos avocats et avocates et camarades continuent l’œuvre marathonienne de la CIJS jusqu’à l’obtention de la vérité et la justice pour Thomas Sankara et ses camarades. La CIJS escompte le soutien du peuple du Burkina Faso et des panafricains de par le monde pour que la vérité soit finalement connue, que justice soit rendue et que la réconciliation advienne.

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