Communiqué 15 octobre 2021 et conférence de presse

Campagne Internationale Justice pour Sankara

Communiqué 15 octobre 2021 et conférence de presse

Le 11 octobre 2021 s’est ouvert à Ouagadougou le procès dans l’affaire du président Thomas Sankara et de douze de ses camarades assassinés le 15 octobre 1987 dans l’enceinte du Conseil de I'Entente. La CIJS, Campagne Internationale Justice pour Sankara en est à sa 25 ème année . Durant ces années, face au Burkina Faso en tant qu’Etat partie instrumentalisé par le régime françafrique, la CIJS a épuisé tous les recours des tribunaux burkinabés. Elle a alors porté son combat devant le Comité des Droits de l’Homme de l’ONU marquant ainsi un précédent international contre l’impunité en 2006.

Avec le renversement populaire du régime Compaoré, un nouveau régime politique a permis l’instruction de l’affaire. Le procès se tient devant la Chambre de Première Instance du Tribunal Militaire de Ouagadougou (TMO), délocalisée à la salle des Banquets de OUAGA 2000. Par arrêt de la Chambre de mise en accusation N° 06 du 13 avril 2021, 14 accusés y seront jugés : KAFANDO Hyacinthe pour attentat à la sûreté de l'État et assassinat (par défaut faute d’avoir comparu); COMPAORE Blaise pour recel de cadavres, attentat à la sureté de l'État, complicité d'assassinat (par défaut, faute d’avoir comparu); DIENDERE Gilbert pour complicité d'assassinat, attentat à la sûreté de l'Etat, subornation de témoin, recel de cadavres; OUEDRAOGO Nabonswende, SAWAWADOGO Idrissa, ILBOUDO Yamba Elysee, OUEDRAOGO Tibo, BELEMLILGA Albert, Pascal Sibidi, DEME Djakalia, PALM Mori Aldjouma Jean-Pierre, TRAORE Bossobe, pour complicité d'attentat à la sûreté de l'Etat; TRAORE Bossobe pour complicité d'assassinat ; OUEDRAOGONabonswende, SA WA WADOGO Idrissa, ILBOUDO Yamba Elysée, pour assassinat. DIEBRE Alidou Jean Christophe, KAFANDO Amado pour faux en écriture publique et TONDE Ninda dit Pascal pour subornation de témoin.

Durant l’instruction, un mandat d’extradition a été émis contre Hyacinthe Kafando et contre le président Blaise Compaoré exfiltré en Côte d’Ivoire d’où ils refusent toujours de comparaître.

Par ailleurs, la France a déclassifié et soumis trois lots de documents liés à cette affaire. Le Parquet militaire a retenu une liste de 67 témoins et deux témoins experts auxquels s’ajouteront les témoins que les parties civiles souhaitent faire entendre. Le CJIS a également fait citer le Burkina Faso en qualité de civilement responsable en vertu du principe de la continuité de l’Etat.

A l’audience du 11 octobre 2021, après la constitution de la composition de la Chambre après le tirage des assesseurs, l’affaire a été suspendue à la demande de certains avocats de la défense ayant été récemment commis d’office pour certains accusés. Elle a été renvoyée au 25 octobre.

Cette même audience a été marquée par le refus du Tribunal militaire que l’ensemble de ce procès soit enregistré pour l’histoire et les archives du Tribunal militaire. Pourtant, le Parquet militaire, interpellé à l’audience par les Parties civiles, avait pris des réquisitions favorables en ce sens en soulignant que le Tribunal militaire de Ouagadougou dispose de son propre service audiovisuel, et se porte garant de la sécurité de ces archives. Le motif invoqué par le TMO de l’article 43 du Code de justice militaire qui évoque l’interdiction « de reproduire des débats relatifs à aux crimes et délits contre la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat ». Or, cet article, combiné aux dispositions de l’article 314-5 du code de procédure pénale permet de procéder à des enregistrements à des fins autres que de diffusion.

Les Parties civiles et au-delà, tous ceux qui se sont battus au niveau national et international pour que ce procès ait lieu, ne peuvent que déplorer une décision qui empêche la sauvegarde d’un pan important de l’histoire du Burkina pour les générations futures. Il est regrettable que les débats à venir, qui se doivent d’être l’exemple d’une justice rendue dans la solennité et le respect des règles du procès équitable, ne soient pas conservés pour la postérité.

Diverses manœuvres politiques jouent de la situation du pays soumis à des attaques récurrentes de cellule djihadistes, pour invoquer en périphérie de ce procès, l’immunité et l’amnistie pour certains des accusés ou évoquer la réconciliation nationale. Le CJIS rappelle l’importance que la justice suive son cours en toute sérénité et impartialité, indépendamment de toute pression politique.

Nos avocats et avocates et camarades continuent l’œuvre marathonienne de la CIJS jusqu’à l’obtention de la vérité et la justice pour Thomas Sankara et ses camarades. La CIJS compte sur le soutien du peuple du Burkina Faso et des panafricains de par le monde pour que la vérité soit finalement connue, que justice soit rendue et que la réconciliation advienne.

Conférence de Presse du collectif des avocats de la CIJS

 En présence de Mme Mariam Sankara

le 15 octobre à 13h à l’université Thomas Sankara, Commune de Saaba (après le péage de la RN4 route de Fada, téléphone de l’université 226 50 36 99 60)

Portes paroles du collectif d’avocats Me Anta Guissé, anta.guisse@wanadoo.fr  Me Prosper Farama maitrefarama@yahoo.fr

Coordonnateur de la CIJS azizsalmonefall@gmail.com +15142447873