Communiqué de Presse

35th Commemoration of The Assassination of Thomas Sankara and His Companions

L’année 2022 a été marquée de rebondissements au Burkina Faso. Le volet international du procès a été disjoint et un procès sous l’instance militaire a eu lieu. En plein procès de l’assassinat de Thomas Sankara survient le 23 janvier 2022 le coup d’État du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, présidé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Le régime dénonce l’inertie du gouvernement Kaboré contre le terrorisme et annonce sa prise de pouvoir. Peu de temps après, la constitution est suspendue puis restaurée, avec des mesures d’exception.

Le procès dans l’affaire Sankara reprend et les principaux accusés sont condamnés, le 6 avril 2022, à de lourdes peines. Parmi eux, le président Compaoré, condamné à perpétuité par défaut pour “attentat à la sûreté de l’État” et “complicité d’assassinat”.

Mais des tractations avec Abidjan perduraient déjà depuis un moment. Une frange de la classe politique argue que l’ex-régime Compaoré, ayant eu des pactes avec les djihadistes, pourrait restaurer la paix. Le retour de l’ancien président est réclamé et au nom d’une réconciliation, entre des parties qui ne sont pas énoncées. Un sommet rassemblant des ex-chefs d’état du pays est alors orchestré par le régime Damiba. C’est ainsi que Blaise Compaoré est reçu le 7 juillet 2022 en toute impunité. On lui déroule le tapis rouge plutôt que de l’arrêter, alors même que ce sommet échoue. Le 26 juillet, avec un semblant de contrition, Compaoré demande pardon par voie de presse, sans contacter les familles et sans reconnaitre son forfait et les crimes odieux qu’il a commis et surtout sans faire face à la justice. La Campagne Internationale Justice pour Sankara a considèré inacceptable ce manquement à la justice et cette poursuite de l’impunité.

Le 30 septembre des membres du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration renversent leur chef et installent le capitaine Ibrahima Traoré. Une fois désigné président, il convoque des assises nationales qui se tiendront le 14 et 15 octobre 2022 pour permettre une seconde charte de la transition. Cette seconde journée coïncide avec la date de l’assassinat du President Sankara et de ses collègues.

La famille du président Sankara attend depuis 35 ans que justice soit faite, que le verdict rendu soit exécuté et que le volet international du procès soit instruit. La CIJS exige des autorités françaises, ivoiriennes et américaines la divulgation de l’intégralité des documents d’archives relatifs au Président Sankara. Nous réclamons des obsèques nationales dignes et conformément aux volontés des familles. Il ne saurait en outre y avoir de réconciliation sans la vérité et sans respect des décisions de la justice. Les velléités d’amnistie des caciques de l’ancien régime, ne seront acceptées ni par les burkinabé ni par les panafricains du monde entier.

L’assassinat du président Sankara et l’arrêt de sa révolution n’ont aucun rapport avec les agressions terroristes qui affectent le Sahel et le Burkina. Sur cet enjeu la CIJS enjoint les internationalistes et panafricains du monde entier d’être solidaires de la résistance du peuple burkinabé.

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