36e Commémoration de l’Assassinat de Sankara et de ses Camarades

Communiqué de Presse

36e Commémoration de l’Assassinat de Sankara et de ses Camarades

La CIJS se réjouit des décisions de l’État du Burkina d’accorder le statut de héros national au martyr panafricain Thomas Isidore Sankara (loi No 005-2022-ALT).

Nous prenons acte de la pause de première pierre du projet de mausolée qui lui sera consacré et réitérons l’importance d’associer les familles dans ces processus.

Nous rappelons aux autorités la décision pendante d’exiger de la Côte-d’ivoire d’extrader Blaise COMPAORÉ et Yacinthe KAFANDO, les auteurs et têtes pensantes condamnés pour les crimes du 15 octobre 1987.

Nous continuerons notre quête de la vérité et demandons au Tribunal militaire de Ouagadougou où en sont les enquêtes sur le volet international laissé à l’instruction par la disjonction prononcée par le Juge Yaméogo.

Nous sommes conscients que nos demandes peuvent paraître secondaires, alors que le peuple du Burkina est affligé par les agressions et la déstabilisation, et nous réitérons notre solidarité avec sa courageuse résistance.

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Press Release – ICJS – 35th Commemoration of The Assassination of Thomas Sankara and His Companions

Communiqué de Presse

35th Commemoration of The Assassination of Thomas Sankara and His Companions

L’année 2022 a été marquée de rebondissements au Burkina Faso. Le volet international du procès a été disjoint et un procès sous l’instance militaire a eu lieu. En plein procès de l’assassinat de Thomas Sankara survient le 23 janvier 2022 le coup d’État du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, présidé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Le régime dénonce l’inertie du gouvernement Kaboré contre le terrorisme et annonce sa prise de pouvoir. Peu de temps après, la constitution est suspendue puis restaurée, avec des mesures d’exception.

Le procès dans l’affaire Sankara reprend et les principaux accusés sont condamnés, le 6 avril 2022, à de lourdes peines. Parmi eux, le président Compaoré, condamné à perpétuité par défaut pour “attentat à la sûreté de l’État” et “complicité d’assassinat”.

Mais des tractations avec Abidjan perduraient déjà depuis un moment. Une frange de la classe politique argue que l’ex-régime Compaoré, ayant eu des pactes avec les djihadistes, pourrait restaurer la paix. Le retour de l’ancien président est réclamé et au nom d’une réconciliation, entre des parties qui ne sont pas énoncées. Un sommet rassemblant des ex-chefs d’état du pays est alors orchestré par le régime Damiba. C’est ainsi que Blaise Compaoré est reçu le 7 juillet 2022 en toute impunité. On lui déroule le tapis rouge plutôt que de l’arrêter, alors même que ce sommet échoue. Le 26 juillet, avec un semblant de contrition, Compaoré demande pardon par voie de presse, sans contacter les familles et sans reconnaitre son forfait et les crimes odieux qu’il a commis et surtout sans faire face à la justice. La Campagne Internationale Justice pour Sankara a considèré inacceptable ce manquement à la justice et cette poursuite de l’impunité.

Le 30 septembre des membres du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration renversent leur chef et installent le capitaine Ibrahima Traoré. Une fois désigné président, il convoque des assises nationales qui se tiendront le 14 et 15 octobre 2022 pour permettre une seconde charte de la transition. Cette seconde journée coïncide avec la date de l’assassinat du President Sankara et de ses collègues.

La famille du président Sankara attend depuis 35 ans que justice soit faite, que le verdict rendu soit exécuté et que le volet international du procès soit instruit. La CIJS exige des autorités françaises, ivoiriennes et américaines la divulgation de l’intégralité des documents d’archives relatifs au Président Sankara. Nous réclamons des obsèques nationales dignes et conformément aux volontés des familles. Il ne saurait en outre y avoir de réconciliation sans la vérité et sans respect des décisions de la justice. Les velléités d’amnistie des caciques de l’ancien régime, ne seront acceptées ni par les burkinabé ni par les panafricains du monde entier.

L’assassinat du président Sankara et l’arrêt de sa révolution n’ont aucun rapport avec les agressions terroristes qui affectent le Sahel et le Burkina. Sur cet enjeu la CIJS enjoint les internationalistes et panafricains du monde entier d’être solidaires de la résistance du peuple burkinabé.

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Communiqué de presse 28 juillet 2022 - Au sujet de la visite du président Compaoré au Burkina et sa demande de pardon

Communiqué de presse 28 juillet 2022

CIJS
Campagne Internationale Justice pour Sankara

Au sujet de la visite du président Compaoré au Burkina et sa demande de pardon

En plein procès de l’assassinat de Thomas Sankara survient le 23 janvier 2022 un coup d’État, alors que le pays est assailli par des hordes djihadistes. Le 24 janvier 2022, un Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, présidé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, dénonce l’inertie du gouvernement Kaboré contre le terrorisme et annonce sa prise de pouvoir. Peu de temps après, la constitution est suspendue puis restaurée, avec des mesures d’exception.

Néanmoins le procès reprend et les principaux accusés sont condamnés le 6 avril suivant. Parmi eux le président Compaoré, condamné à perpétuité par défaut pour “attentat à la sûreté de l’État” et “complicité d’assassinat”.

Déjà durant le procès, des rumeurs de tractations avec Abidjan se confirmaient. Une frange de la classe politique argue que l’ex-régime Compaoré, ayant eu des pactes avec les djihadistes, pourrait restaurer la paix. Le retour de l’ancien président est réclamé et au nom d’une réconciliation, entre des parties qui ne sont pas énoncées. Un sommet rassemblant des ex-chefs d’état du pays est alors orchestré par le nouveau régime.

C’est ainsi que Blaise Compaoré est reçu le 7 juillet 2022 en toute impunité. On lui déroule le tapis rouge plutôt que de l’arrêter, alors même que ce sommet échoue.

Le 26 juillet, avec un semblant de contrition, il demande pardon par voie de presse, sans contacter les familles et sans reconnaitre son forfait et les crimes odieux qu’il a commis et surtout sans faire face à la justice.

La famille du président Sankara attend depuis 35 ans que Justice soit faite. Depuis le 6 avril 2022, elle attend que le verdict rendu par des juges indépendants après un procès exemplaire soit exécuté. Il ne saurait y avoir de réconciliation sans la vérité et sans respect de la justice. Le mépris affiché et par le nouveau régime et par Blaise Compaoré pour le verdict du tribunal militaire, rendu au nom du peuple burkinabé, est choquant. Les velléités d’amnistie des nouvelles autorités, faisant écho aux caciques de l’ancien régime, ne seront acceptées ni par les burkinabés ni par les panafricains du monde entier.

L’assassinat du président Sankara et l’arrêt de sa révolution n’ont aucun rapport avec les agressions terroristes qui affectent le Sahel et le Burkina. Dans la droite ligne du communiqué récent des avocats du collectif, la Campagne Internationale Justice pour Sankara considère inacceptable ce manquement à la justice et cette poursuite de l’impunité.

Communiqué de la CIJS et Conférence de presse du 6 Avril 2022

Communiqué de la CIJS suivi de la déclaration liminaire à la
CONFERENCE DE PRESSE DES AVOCATS DE LA FAMILLE DU PRESIDENT THOMAS SANKARA
SUITE AU DELIBERE RENDU LE 6 AVRIL 2022 PAR LA CHAMBRE DE JUGEMENT DU TRIBUNAL MILITAIRE DE OUAGADOUGOU

OUAGADOUGOU, LE 7 AVRIL 2022

La Campagne Internationale Justice pour Sankara (CIJS), coordonnée depuis 1997 par le GRILA (Groupe de Recherche et d’Initiative pour la Libération de l’Afrique) prend acte de la décision prononcée par l’honorable Juge Urbain Meda du tribunal militaire de Ouagadougou, ce 6 avril 2022. Ce jugement est le premier du genre dans l’histoire du continent, et marque d’ailleurs une jurisprudence dans l’histoire du droit. Durant la majeure partie de ces 25 années, les avocat-es de la CIJS ont essayé de faire entendre le droit contre l’État partie, et ensuite devant une cour du tribunal militaire. Ils se sont toujours interposés contre l’impunité. La CIJS est reconnaissante de toute la mobilisation panafricaine et internationale qui l’a assistée depuis 25 ans. Elle salue la mémoire des victimes et de tous ceux et celles qui ont payé de leur vie et donné leur sang pour que ce jour advienne enfin.

Grâce à la vaillante mobilisation populaire qui a chassé le régime Françafrique de Compaoré, l’honorable juge Yameogo a relancé la procédure, conformément au droit burkinabé et aux droits obtenus pour la veuve Sankara et ses enfants devant le comité des droits de l’Homme à l’ONU en 2006.

Du 6 mars 2015 au 7 octobre 2020, instructions et plaidoiries ont permis la réouverture du procès le 11 octobre 2021. Le procès a repris, disjoint de son volet international, puisque la France a tardé à fournir les documents déclassifiés, qu’elle va hélas finalement fournir de façon sélective et incomplète.

Ayant refusé notre requête de filmer et d’enregistrer pour la postérité ses audiences, la cour a néanmoins tenu, dans un lieu exceptionnellement réquisitionné, un procès qui fera date dans les annales de l’histoire juridique du Burkina Faso et de l’Afrique. La sérénité du procès a été perturbée un temps par un coup d’État qui a contribué à faire questionner la légitimité constitutionnelle du processus. La continuité de l’État a permis de reprendre le procès, et en toute connaissance de cause, les plaidoiries des parties civiles et de la défense et des dizaines de témoins et les accusés auront été entendus. Des accusés ont été condamnés d’autres ont été acquittés, comme décrit dans la déclaration liminaire ci-jointe. De grands pans de la vérité sur l’assassinat du président Sankara et de ses camarades ont été dévoilés, malgré le mutisme et les dénégations de plusieurs accusés. Fuyants ou tapis, les derniers commanditaires et assassins ont vu publiquement dévoilés leurs subterfuges et ils répondent devant leur conscience et désormais devant l’histoire. Nous demandons à la Côte d’Ivoire et la France de livrer les coupables et de participer à l’élucidation et à la clôture de cette affaire.

La CIJS salue la pugnacité et le courage de Mariam Sankara, la dignité de sa famille et l’inlassable travail conduit par 3 équipes d’avocat-es durant ces 25 ans. Elle recommande à la vigilance et à la fermeté pour le respect de la justice et pour une investigation du complot international. La CIJS salue la mobilisation des panafricain-es et des internationalistes qui l’ont soutenu pour aboutir à ce résultat. Les parties civiles se présenteront en cours le 13 avril prochain. La CIJS souhaite que la paix et la sérénité prévaudront maintenant que des coupables sont condamnés et escompte que le peuple du Burkina, confronté au djihadisme et à la déstabilisation, mieux réconcilié avec lui-même, recouvre sa souveraineté et l’élan qui lui fait mériter son titre de patrie des humains intègres.

DECLARATION LIMINAIRE

Mesdames et Messieurs les journalistes

Je voudrais, au nom de mes confrères et de mes consœurs prendre la parole pour avant toute chose saluer et reconnaître l’action de la presse nationale et internationale qui a été omniprésente à nos côtés et aux côtés des familles du Président Thomas SANKARA et de ses compagnons durant les vingt cinq (25) années qu’ont duré les procédures judiciaires suite à la plainte de la veuve Mariam SANKARA et ses enfants Auguste et Philippe datée du 29 septembre 1997 et objet de l’ordonnance du doyen des Juges d’instruction en date du 09 octobre 1997.

Permettez-moi également de saluer tous les efforts du GRILA et de la CIJS, Campagne Internationale Justice pour Thomas SANKARA et du Professeur Aziz FALL et les efforts de tous ceux qui, dans l’ombre comme au grand jour ont mené le même combat que nous pour la manifestation de la vérité dans l’assassinat ignoble et crapuleux du Président Thomas SANKARA suivi du massacre de 12 de ses compagnons et de bien d’autres personnes comme les suppliciés de Koudougou et de toutes autres victimes tuées, blessées, forcées à l’exil qui ont subi les conséquences de l’attentat du 15 octobre 1987.

Mesdames et Messieurs les journalistes,

L’Avocat est un auxiliaire de justice qui concourt à la manifestation de la vérité. La mission de l’Avocat n’est point ni de ruser avec la loi ni de tromper le juge ou de chercher à l’induire en erreur. Sa mission, c’est de défendre au mieux les intérêts de son client dans le respect de la loi, de sa déontologie et de son serment.

C’est pourquoi, nous vouons un attachement inébranlable au procès équitable où sont respectés les droits de la défense, la présomption d’innocence et le principe du contradictoire, qui sont toujours, que l’on soit de la partie civile ou de la défense, un préalable indiscutable de notre profession afin que le droit soit dit dans toute sa rigueur et ce quelle que soit la juridiction.

Le procès est par définition l’endroit où les règles et les formes conduisent à la décision valable du juge depuis sa saisine. C’est pourquoi, nous nous sommes volontiers prêtés à cet exercice d’une durée inhabituelle. Six (6) mois de procès, c’est une longue durée, comme l’attente pour arriver à un procès a été longue. Mais pour paraphraser notre regretté confrère Dieudonné Nkounkou, aussi longue est la nuit, le jour viendra.

Aussi, tirant les enseignements du Président Thomas SANKARA qui disait que « Là où s’abat le découragement, c’est là où s’élève la victoire des persévérants ». Nous avons persévéré malgré l’adversité et les multiples difficultés pendant vingt cinq (25) ans durant lesquels nous avons mené toutes sortes de procédures tant au plan national qu’au plan international, aussi bien devant les juridictions civiles que militaires.

Sans relâche et avec vaillance, simplement guidés par notre mission d’obtenir la vérité et rien que la vérité, le procès contre Blaise COMPAORE dit Jubal et autres, poursuivis pour attentat à la sûreté de l’Etat, assassinats, complicités d’assassinats, recel de cadavres, faux en écriture publique vit enfin le jour malgré toutes les vicissitudes et les péripéties qu’on n’ose pas imaginer. Le procès qui, enfin s’ouvrit le 11 octobre 2021 a connu son épilogue le 06 avril 2022 avec la décision suivante, rendue après presque six (6) ans d’instruction (du 06 mars 2015 au 07 octobre 2020, soit cinq (05) ans et sept (07) mois) et six (06) mois de plaidoiries à savoir :

« Statuant publiquement, par défaut à l’égard de COMPAORE Blaise et de KAFANDO Tousma Yacinthe, contradictoirement à l’égard de BELEMLILGA Albert Pascal Sibidi, DEME Djakalia, DIEBRE Alidou, Jean Christophe DIENDERE Gilbert, KAFANDO Hamado, ILBOUDO Yamba Elysée, OUEDRAOGO Nabonssouindé, OUEDRAOGO Tibo, PALM Mori Aldiouma Jean-Pierre, SAWADOGO Idrissa, TONDE Ninda dit Pascal et TRAORE Bossobè, en matière criminelle et en premier ressort :

Déclare, relativement aux faits de faux en écriture publique ou authentique reprochés aux accusés DIEBRE Alidou Jean-Christophe, KAFANDO Hamado et aux faits de recel de cadavres reprochés aux accusés COMPAORE Blaise et DIENDERE Gilbert, l’action publique éteinte à leur égard pour cause de prescription;

Acquitte l’accusé TRAORE Bossobè des chefs de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat et de complicité d’assassinat pour infractions non constituées;

Acquitte l’accusé DIENDERE Gilbert du chef de subordination de témoin pour infraction non constituée;

Déclare l’accusé TONDE Ninda dit Pascal alias Mang-Naaba coupable des fait de subordination de témoin à lui reprochés

Déclare les accusés BELEMLILGA Albert Pascal Sibidi, DEME Djakalia, OUEDRAOGO Tibo, PALM Mori Aldiouma Jean-Pierre, ILBOUDO Yamba Elysée, SAWADOGO Idrissa et OUEDRAOGO Nabonssouindé, coupables des faits de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat qui leur sont reprochés;

Déclare les accusés KAFANDO Tousma Yacinthe, ILBOUDO Yamba Elysée, SAWADOGO Idrissa ET OUEDRAOGO Nabonssouindé, coupables des faits d’assassinat à eux reprochés;

Déclare les accusés COMPAORE Blaise, DIENDERE Gilbert et KAFANDO Tousma Yacinthe coupables des faits d’attentat à la sûreté de l’Etat qui leur sont reprochés;

Déclare les accusés COMPAORE Blaise et DIENDERE Gilbert, coupables des faits de complicité d’assassinats à eux reprochés;

En répression, condamne :

  • BELEMLILGA Albert Pascal Sibidi et DEME Djakalia à cinq (05) ans d’emprisonnement assortie du sursis chacun;
  • TONDE Ninda dit Pascal alias Mang-Naaba à trois (03) ans d’emprisonnement ferme;
  • OUEDRAOGO Tibo et PALM Mori Aldiouma Jean-Pierre à dix (10) ans d’emprisonnement ferme chacun;
  • ILBOUDO Yamba Elysée à onze (11) ans d’emprisonnement ferme;
  • SAWADOGO Idrissa et OUEDRAOGO Nabonssouindé à vingt (20) ans d’emprisonnement ferme chacun ;
  • COMPAORE Blaise, DIENDERE Gilbert et KAFANDO Tousma Yacinthe à la peine d’emprisonnement à vie chacun;


Prononce la déchéance des décorations de tous les accusés condamnés ayant bénéficié d’une ou de plusieurs distinctions honorifiques;

Dit que le présent jugement vaut titre de détention pour les accusés condamnés à une peine privative de liberté non couverte par la détention provisoire conformément aux dispositions de l’article 315-14 de la loi N°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale;

Décerne contre TONDE Ninda dit Pascal alias Mang-Naaba, mandat de dépôt conformément aux dispositions de l’article 315-14 de la loi N°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale;

Dit que les mandats d’arrêt décernés contre COMPAORE Blaise et KAFANDO Tousma Yacinthe sont maintenus et ce en application des dispositions de l’article 261-128 alinéa 4 de la loi N°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale;

Sans désemparer, le Président a averti les parties qu’elles avaient un délai de quinze (15) jours francs à compter du prononcé du présent jugement, pour interjeter appel, conformément aux dispositions de l’article 317-9 du Code de procédure pénale;
Met les dépens à la charge des accusés condamnés. »

En effet, la chambre de jugement du Tribunal Militaire de Ouagadougou vient ainsi d’inscrire dans l’histoire judiciaire du Burkina Faso en lettres d’or le nom du juge Urbain MEDA et celui de tous les membres de la Chambre qui, pour la postérité ont courageusement dit le droit et rendu la justice au nom du peuple burkinabé.

Cette décision, si elle est une victoire, elle est le mérite d’abord de notre cliente principale, Madame Mariam SANKARA dont il faut saluer le courage, la bravoure et l’abnégation. Ensuite, elle est le fruit du combat de tous les hommes et femmes épris de justice, de vérité, de paix et de liberté comme valeurs cardinales de la dignité humaine.

Enfin, cette victoire, il faut la dédier à la presse dont le rôle a été déterminant dans la recherche et la manifestation de la vérité sur l’assassinat du Président Thomas SANKARA et de ses compagnons.

Permettez-moi alors, au nom des familles et celui de mes confrères, d’exprimer à l’ensemble des médias notre profonde reconnaissance pour cet accompagnement constant AU NOM DE LA LIBERTE ET DE LA JUSTICE.

Mesdames et Messieurs les journalistes,

C’est de ce qui précède que nous, Avocats de la partie civile, constitués aux côtés de Mariam SANKARA, de ses enfants, de la famille de Thomas SANKARA prenons acte de la décision rendue le 06 avril 2022 par la chambre de jugement du Tribunal Militaire de Ouagadougou.

Nous nous félicitons des résultats auxquels nous sommes parvenus grâce à un travail d’équipe fait avec méthode dans la confraternité et dans l’engagement des Avocat-es qui ont vu à travers le procès Thomas SANKARA la défense au-delà des intérêts familiaux, d’une cause : celle de la liberté africaine et la lutte contre l’impunité.

Certes beaucoup de zones d’ombre existent encore, notamment au plan des complicités internationales. Nous continuerons notre quête de la vérité à ce sujet en relançant immédiatement le Tribunal militaire de Ouagadougou pour savoir où en sont les enquêtes sur le volet international laissé à l’instruction par la disjonction prononcée par le Juge Yaméogo il y a plus d’un an de cela.
Il est également vrai que des auteurs et têtes pensantes de ces crimes Blaise COMPAORE et Yacinthe KAFANDO ont pu fuir leur pays pour tenter de se dérober à la justice, mais l’aspiration essentielle du peuple burkinabé et africain et de l’opinion en général est atteinte en ce sens que la vérité a vu le jour.

« Aussi longue est la nuit, le jour viendra. »
C’est donc sans présager des recours éventuels des accusés, que nous apprécions cette décision sous l’angle strictement du droit qui a été dit et la justice rendue dans un procès équitable et conforme aux normes internationales. Nous prenons également acte des sanctions qui ont été prononcées contre certains accusés à la hauteur de la gravité des crimes par eux commis.

Je vous remercie.

Me Bénéwende Sankara
Au nom du Collectif des avocat-es de la Campagne Internationale Justice pour Sankara

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Communiqué 26 janvier 2022

Campagne Internationale Justice pour Sankara

Communiqué 26 janvier 2022

Lundi 24 janvier 2022 devait se tenir les plaidoiries dans le procès Sankara et ses douze compagnons assassinés. Notre collectif d’avocat-es était à pied d’œuvre pour finaliser cet effort qui a débuté il y a un quart de siècle. Un coup d’état est survenu et le président du tribunal a remis les comparutions au lendemain mardi 25 janvier. Il a ensuite expliqué, qu’en raison de raisons majeures indépendantes de sa volonté, la séance était suspendue et qu’il reviendrait vers les parties en temps opportun.

Avec le renversement du régime Compaoré, un nouveau régime politique avait permis l’instruction de l’affaire. Le procès se déroulait devant la Chambre de Première Instance du Tribunal Militaire de Ouagadougou, délocalisée à la salle des Banquets de OUAGA 2000. Suite à l’arrêt N° 06 du 13 avril 2021, plusieurs personnes ont été mises en accusation et si possible entendues: par contumace KAFANDO Hyacinthe pour attentat à la sureté de l'État et assassinat ; par contumace COMPAORE Blaise pour recel de cadavre, attentat à la sureté de l'État, complicité d'assassinat; DIENDERE Gilbert pour complicité d'assassinat, attentat à la sureté de l'Etat, subornation de témoin, recel de cadavre; OUEDRAOGO Nabonswende, SAWAWADOGO Idrissa, ILBOUDO Yamba Elysee, OUEDRAOGO Tibo, BELEMLILGA Albert, Pascal Sibidi, DEME Djakalia, PALM Mori Aldjouma Jean-Pierre, TRAORE Bossobe, pour complicité d'attentat à la sureté de l'Etat; DIEBRE Alidou Jean Christophe, KAFANDO Amado pour faux en écriture publique et TONDE Ninda dit Pascal pour subornation de témoin; TRAORE Bossobe pour complicité d'assassinat ; OUEDRAOGO Nabonswende, SA WA WADOGO Idrissa, ILBOUDO Yamba Elysée, pour assassinat. Des dizaines de témoins ont aussi comparu en présentiel ou à distance et les procès-verbaux des personnes décédées ont été lues.

Le procès dont les autorités ont refusé l’enregistrement s’est déroulé jusque- là dans des conditions acceptables.

La CIJS est préoccupée de la poursuite du procès et escompte des nouvelles autorités qu’elles permettent, dans les meilleures conditions possibles, la sécurité et l’achèvement serein et rigoureux du procès. La CIJS escompte aussi que le juge en charge de la disjonction sur le volet international puisse vaquer normalement à son instruction et boucler son dossier. Tout ceci permettrait de connaitre la vérité tant attendue, d’obtenir justice et d’assurer une saine réconciliation.

Le peuple burkinabé et l’Afrique entière souhaitent tourner la page de l’impunité.

Communiqué 15 octobre 2021 et conférence de presse

Campagne Internationale Justice pour Sankara

Communiqué 15 octobre 2021 et conférence de presse

Le 11 octobre 2021 s’est ouvert à Ouagadougou le procès dans l’affaire du président Thomas Sankara et de douze de ses camarades assassinés le 15 octobre 1987 dans l’enceinte du Conseil de I'Entente. La CIJS, Campagne Internationale Justice pour Sankara en est à sa 25 ème année . Durant ces années, face au Burkina Faso en tant qu’Etat partie instrumentalisé par le régime françafrique, la CIJS a épuisé tous les recours des tribunaux burkinabés. Elle a alors porté son combat devant le Comité des Droits de l’Homme de l’ONU marquant ainsi un précédent international contre l’impunité en 2006.

Avec le renversement populaire du régime Compaoré, un nouveau régime politique a permis l’instruction de l’affaire. Le procès se tient devant la Chambre de Première Instance du Tribunal Militaire de Ouagadougou (TMO), délocalisée à la salle des Banquets de OUAGA 2000. Par arrêt de la Chambre de mise en accusation N° 06 du 13 avril 2021, 14 accusés y seront jugés : KAFANDO Hyacinthe pour attentat à la sûreté de l'État et assassinat (par défaut faute d’avoir comparu); COMPAORE Blaise pour recel de cadavres, attentat à la sureté de l'État, complicité d'assassinat (par défaut, faute d’avoir comparu); DIENDERE Gilbert pour complicité d'assassinat, attentat à la sûreté de l'Etat, subornation de témoin, recel de cadavres; OUEDRAOGO Nabonswende, SAWAWADOGO Idrissa, ILBOUDO Yamba Elysee, OUEDRAOGO Tibo, BELEMLILGA Albert, Pascal Sibidi, DEME Djakalia, PALM Mori Aldjouma Jean-Pierre, TRAORE Bossobe, pour complicité d'attentat à la sûreté de l'Etat; TRAORE Bossobe pour complicité d'assassinat ; OUEDRAOGONabonswende, SA WA WADOGO Idrissa, ILBOUDO Yamba Elysée, pour assassinat. DIEBRE Alidou Jean Christophe, KAFANDO Amado pour faux en écriture publique et TONDE Ninda dit Pascal pour subornation de témoin.

Durant l’instruction, un mandat d’extradition a été émis contre Hyacinthe Kafando et contre le président Blaise Compaoré exfiltré en Côte d’Ivoire d’où ils refusent toujours de comparaître.

Par ailleurs, la France a déclassifié et soumis trois lots de documents liés à cette affaire. Le Parquet militaire a retenu une liste de 67 témoins et deux témoins experts auxquels s’ajouteront les témoins que les parties civiles souhaitent faire entendre. Le CJIS a également fait citer le Burkina Faso en qualité de civilement responsable en vertu du principe de la continuité de l’Etat.

A l’audience du 11 octobre 2021, après la constitution de la composition de la Chambre après le tirage des assesseurs, l’affaire a été suspendue à la demande de certains avocats de la défense ayant été récemment commis d’office pour certains accusés. Elle a été renvoyée au 25 octobre.

Cette même audience a été marquée par le refus du Tribunal militaire que l’ensemble de ce procès soit enregistré pour l’histoire et les archives du Tribunal militaire. Pourtant, le Parquet militaire, interpellé à l’audience par les Parties civiles, avait pris des réquisitions favorables en ce sens en soulignant que le Tribunal militaire de Ouagadougou dispose de son propre service audiovisuel, et se porte garant de la sécurité de ces archives. Le motif invoqué par le TMO de l’article 43 du Code de justice militaire qui évoque l’interdiction « de reproduire des débats relatifs à aux crimes et délits contre la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat ». Or, cet article, combiné aux dispositions de l’article 314-5 du code de procédure pénale permet de procéder à des enregistrements à des fins autres que de diffusion.

Les Parties civiles et au-delà, tous ceux qui se sont battus au niveau national et international pour que ce procès ait lieu, ne peuvent que déplorer une décision qui empêche la sauvegarde d’un pan important de l’histoire du Burkina pour les générations futures. Il est regrettable que les débats à venir, qui se doivent d’être l’exemple d’une justice rendue dans la solennité et le respect des règles du procès équitable, ne soient pas conservés pour la postérité.

Diverses manœuvres politiques jouent de la situation du pays soumis à des attaques récurrentes de cellule djihadistes, pour invoquer en périphérie de ce procès, l’immunité et l’amnistie pour certains des accusés ou évoquer la réconciliation nationale. Le CJIS rappelle l’importance que la justice suive son cours en toute sérénité et impartialité, indépendamment de toute pression politique.

Nos avocats et avocates et camarades continuent l’œuvre marathonienne de la CIJS jusqu’à l’obtention de la vérité et la justice pour Thomas Sankara et ses camarades. La CIJS compte sur le soutien du peuple du Burkina Faso et des panafricains de par le monde pour que la vérité soit finalement connue, que justice soit rendue et que la réconciliation advienne.

Conférence de Presse du collectif des avocats de la CIJS

 En présence de Mme Mariam Sankara

le 15 octobre à 13h à l’université Thomas Sankara, Commune de Saaba (après le péage de la RN4 route de Fada, téléphone de l’université 226 50 36 99 60)

Portes paroles du collectif d’avocats Me Anta Guissé, anta.guisse@wanadoo.fr  Me Prosper Farama maitrefarama@yahoo.fr

Coordonnateur de la CIJS azizsalmonefall@gmail.com +15142447873

 

 

CIJS - Communiqué de presse du 11 octobre 2021 - Ouverture du procès - Affaire Sankara

Campagne Internationale Justice pour Sankara

CIJS - Communiqué de presse du 11 octobre 2021 - Ouverture du procès - Affaire Sankara

Ce 11 octobre 2021 s’ouvre à Ouagadougou le procès dans l’affaire du président Thomas Sankara et de douze de ses infortunés camarades assassinés le 15 octobre 1987 dans les locaux du Conseil de I'Entente. La campagne Internationale justice pour Sankara en est à sa 25 ème année. Durant ces années, elle a épuisé, contre l’État partie du Burkina Faso, tous les recours des tribunaux burkinabé, instrumentalisés par le régime françafrique, et a dû ensuite recourir au comité des droits de l’homme de l’ONU. Elle y a marqué un précédent international contre l’impunité en 2006.
Avec le renversement du régime Compaoré, un nouveau régime politique a permis l’instruction de l’affaire. Le procès se tient devant la Chambre de Première Instance du Tribunal Militaire de Ouagadougou, délocalisée à la salle des Banquets de OUAGA 2000. Suite à l’arrêt N° 06 du 13 avril 2021, plusieurs personnes ont été mises en accusation et y seront jugées : par contumace KAFANDO Hyacinthe pour attentat à la sureté de l'État et assassinat ; par contumace COMPAORE Blaise pour recel de cadavre, attentat à la sureté de l'État, complicité d'assassinat; DIENDERE Gilbert pour complicité d'assassinat, attentat à la sureté de l'Etat, subornation de témoin, recel de cadavre; OUEDRAOGO Nabonswende, SAWAWADOGO Idrissa, ILBOUDO Yamba Elysee, OUEDRAOGO Tibo, BELEMLILGA Albert, Pascal Sibidi, DEME Djakalia, PALM Mori Aldjouma Jean-Pierre, TRAORE Bossobe, pour complicité d'attentat à la sureté de l'Etat; DIEBRE Alidou Jean Christophe, KAFANDO Amado pour faux en écriture publique et TONDE Ninda dit Pascal pour subornation de témoin; TRAORE Bossobe pour complicité d'assassinat ; OUEDRAOGO Nabonswende, SA WA WADOGO Idrissa, ILBOUDO Yamba Elysée, pour assassinat.
Le Parquet a retenu pour sa part une liste de 67 témoins et deux témoins experts. Un mandat d’extradition a été émis contre Hyacinthe Kafando et contre le président Blaise Compaoré exfiltré en Côte d’Ivoire d’où il refuse toujours de comparaître.
La France a entretemps déclassifié et soumis trois lots triés de documents liés à cette affaire. Bien que la CIJS n’est plus contre l’État partie dans ce procès, elle tient l’État civilement responsable des mis en cause.

Le procès se déroule alors que le Burkina est déstabilisé par des attaques récurrentes de cellules djihadistes et un déplacement de populations. Diverses manœuvres politiques jouent sur cette délicate situation pour invoquer l’immunité et l’amnistie pour les accusés ou prématurément évoquer la réconciliation nationale, ce qui rend plus difficile la sérénité requise pour traiter cette affaire. Certains des nouveaux avocats de l’équipe de défense des accusés ont demandé un renvoi pour l’étude du dossier. Le juge a renvoyé le procès au 25 octobre 2021. Il a aussi refusé que le procès soit enregistré. La CIJS demande que le procès soit enregistré par le greffe en toute transparence et aux fins d’archives.
Nos avocats et avocates et camarades continuent l’œuvre marathonienne de la CIJS jusqu’à l’obtention de la vérité et la justice pour Thomas Sankara et ses camarades. La CIJS escompte le soutien du peuple du Burkina Faso et des panafricains de par le monde pour que la vérité soit finalement connue, que justice soit rendue et que la réconciliation advienne.

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